La vie de Chuck

La vie de Chuck in Si ça saigne de Stephen King. Albin Michel, 2020

ISBN 978-2-253-10700-2

Cette nouvelle fantastique se déroule en 3 actes et tout commence par la fin à l'instar du film "L'Etrange Histoire de Benjamin Button" .

• Troisième acte "Merci, Chuck !" : C'est le début de la fin du monde. Il n'y a plus d'internet, plus d'électricité, les routes sont coupées. Marty Anderson, un professeur d'anglais sort d'une réunion parents prof où aucun parent ne s'est soucié du travail scolaire de son enfant à cause de tout ce qu'il se passe dans le monde. L'Europe subit les mêmes difficultés que les Etats-Unis et en Asie, il y a déjà des millions de morts à cause de la famine qui s'est installée. Marty reçoit un appel de son ex femme, qu'il aime toujours. Elle aussi l'aime mais ils s'entendent mieux depuis qu'ils ne vivent plus ensemble. Tous deux parlent d'une immense affiche publicitaire où l'on voit un homme à son bureau avec la phrase "39 années formidables ! Merci Chuck !". Cette affiche intrigue beaucoup Marty, il se dit que Chuck doit sûrement partir en retraite et que ses collègues lui ont fait cette affiche en guise de cadeau. Mais il a l'air bien jeune pour partir en retraite ! Était-il connu pour avoir une telle publicité ? Bientôt cette affiche paraît partout, sur les ordinateurs, à la télévision, sur tous les immeubles de la ville ! C'est incompréhensible pour Marty, pourquoi le dénommé Chuck envahit-il la ville ? Marty va chez son ex femme et ensemble, il regardent les étoiles dans le ciel qui s'éteignent les unes après les autres. Puis c'est le noir.

• Deuxième acte "Artistes de rue" : Jared Franck joue de la batterie dans la rue et il fait la manche avec son chapeau magique. Ce jeudi là, personne ne semble intéressé par sa prestation. Un homme en costume, "Mr Businessman" s'arrête et commence à danser pour la plus grande surprise de Jared. Ce danseur c'est Chuck. Sa danse devient de plus en plus endiablée et maintenant une centaine de personnes l'applaudissent. Le chapeau magique déborde de billets. Chuck a appris à danser quand il vivait avec sa grand-mère. Il aime la dance et il est doué. Il pense que sa femme et son fils auraient honte de lui s'ils le voyaient. Mais, en dansant dans a rue, il a connu des instants de pur bonheur.

• Premier acte : "Je contiens des multitudes" : L'enfant Chuck vit avec ses grands-parents. Ses parents et la petite Alyssa qui aurait du naître 2 mois plus tard, sont morts dans un accident de voiture. Le grand-père de Chuck lui raconte que la dernière pièce, tout en haut de la maison est hantée par des fantômes. A l'âge de 12 ans, alors que ses grands-parents sont morts, Chuck ouvre la porte de la fameuse pièce : elle est vide. Chuck a une hallucination, il se voit dans cette pièce, sur un lit d'hôpital, agonisant. C'est ce qui lui arrivera à l'âge de 39 ans lorsqu'il sera terrassé par une tumeur au cerveau.
•  A l'âge de 7 ans, Chuck fréquente l'école primaire. Mme Richards, sa maîtresse  lit un poème   extrait de l'Anthologie de la poésie américaine à sa classe. Personne ne semble l'écouter ; tous  les élèves ont envie de blaguer entre eux en attendant la fin de la journée d'école. Pourtant un vers frappe l'esprit de Chuck :"Je suis vaste. Je contiens des multitudes". Intrigué, Chuck demande à son institutrice ce que ce vers veut dire. Mrs Richards lui prend la tête entre les mains et lui dit :

-"Qu'y a t-il entre mes mains ? Uniquement les personnes que tu connais ?"

- "Non, plus que ça" répondit Chuck. Il pensait à sa mère, à son père, au bébé qu'il n'avait jamais pu tenir dans ses bras. Alyssa, qui ressemble à la pluie. "Il y a les souvenirs aussi"

- "Oui. Il y a tout ce que tu vois. Tout ce que tu sais. Le monde, Chucky. Les avions dans le ciel, les plaques d'égout dans la rue. D'année en année, le monde à l'intérieur dans ta tête grossit et devient plus lumineux, plus détaillé et plus complexe. Tu comprends ?

- "Je crois" L'idée que cette boule fragile qu'était son crâne puisse contenir tout un monde lui donnait le vertige" 

Voici peut-être la clé de cette étrange nouvelle. Chuck contient des multitudes. Son monde, c'est le monde. Lorsqu'il va mourir à 39 ans d'une tumeur au cerveau, le monde contenu dans sa tête va s'effondrer aussi. Le monde, avec son portrait sur une affiche publicitaire, son monde meurt.

Dès que j'ai fini la lecture, je me suis dit "Waouh, je n'ai rien compris !" puis  "Stephen King a écrit cette nouvelle sous opium ou quoi ?"  Enfin j'ai visualisé la nouvelle dans ma tête et je me suis souvenue de ce passage clé. En fait, pour plus de compréhension, la nouvelle aurait peut-être due s'appeler "Le monde de Chuck" au lieu de "La vie de Chuck".

Une nouvelle bizarre, qui fait réfléchir et qui est bourrée de charme. Je n'ai lu que "Le téléphone de M. Harrigan" et il me reste encore 2 nouvelles à lire dans ce recueil, mais je sais déjà que "La vie de Chuck" sera ma préférée...